Idées de lecture ► La musique de Mahler : un long chant d’amour résonnant des vicissitudes de sa courte vie

 

« la vie amoureuse de Gustave Mahler » de Maurice Dahan

Le titre de l’ouvrage est-il le reflet de son contenu ? L’auteur tient à préciser, pour éclairer les lecteurs, que Mahler, animé d’une passion suprême pour la musique a, dès son plus jeune âge, constaté qu’il n’appréhendait les sentiments amoureux qu’à travers le philtre de la musique. Ce qui rend inclassable sa musique. Ce qui en fait toute son originalité, c’est de constater qu’à chacune des étapes de sa vie, c’est par la musique qu’il a tenu à exprimer son message, souvent imprégné par les accents du folklore allemand ou sublimé par les réminiscences de sa Bohème natale.

Au cours de la plupart des étapes de sa vie de compositeur, une égérie l’illumina. Ses amours adolescentes s’ouvrirent sur le Klagende lied et les Lieder eines fahrenden geselen. Puis, il y eut Johanna Richter, dont le ramage n’était pas à la hauteur du plumage, pour parler comme Jean de La Fontaine. Sa passion wagnérienne, il en vécut les délicieuses affres avec Anna von Mildenburg dont il s’évada grâce aux conseils de Natalie, à laquelle dix ans durant il s’attacha, en raison de leurs affinités.Mais, dans la Vienne festive qui l’accueillit, avec réserve, il rencontra Alma. La plus séduisante des égéries viennoises, avec laquelle il noua une relation amoureuse, séduit par sa beauté. Ils se marièrent moins de trois mois après leur rencontre… Parce qu’elle était enceinte. Ce fut un échec sentimental que Mahler magnifia par l’adagietto de sa Cinquième symphonie ; tandis que la Sixième scelle le divorce intime des époux, malgré les tentatives de Mahler de reconquérir les grâces de son épouse, par sa Septième. Mais la trahison d’Alma incita Mahler à composer son sublime Chant de la terre ; avant de sombrer dans les ultimes déchirements de la Dixième symphonie.

Extrait : 

« À cet égard, une constatation s’impose, lorsqu’on jette un regard panoramique sur la vie de Mahler : son activité de chef d’orchestre, à laquelle il fut obligé de s’astreindre par nécessité, le sérieux avec lequel il assuma cette fonction, qu’il n’a jamais considérée comme sa vocation première, lui permirent d’approfondir la maîtrise de son art de la symphonie et de son expression orchestrale. En outre, sa passion pour la perfection artistique des prestations de ses chanteuses, l’incita à accorder une importance primordiale à leur perfectionnement, dès lors qu’il put découvrir et apprécier leur talent potentiel. Dans ses rapports professionnels avec les plus célèbres de ses cantatrices, des relations amoureuses, passionnelles s’épanouirent alors que sa mission officielle consistait simplement à superviser et améliorer leurs performances. »

398 pages, 26 euros, éditions Les 3 colonnes.