Violences sexuelles ► La Finlande va pénaliser ceux qui envoient des « dick pics » non sollicitées

 

Les « dick pics » sont devenues un nouveau fléau du web que la Finlande tente d’éradiquer. Le pays a pris la décision de pénaliser les auteurs des photos de pénis reçues par des internautes, en majorité des femmes, qui n’ont pas sollicités les clichés. 

Les Finlandais pourraient risquer jusqu’à six mois de prison pour avoir envoyer des dick pics non sollicitées. La pratique est devenue un vrai fléau sur le web. La lourdeur de la peine sera déterminée selon la gravité des faits, allant d’une simple amende à la détention. Selon le ministère de la Justice finlandais, le projet de loi sera présenté au Parlement en 2021. Il repose sur une extension de la définition de harcèlement sexuel, pour lui permettre d’inclure le fait « de harceler oralement, par des photos ou des messages, de prendre des photos d’autrui ou de s’exhiber soi-même ».

Le phénomène mondial a pris le nom de « dick pics » ou encore de « cyberflashing » (« cyberexhibition ») 

Pour le moment, la loi finlandaise fait face à un vide juridique : le harcèlement sexuel n’est reconnu qu’en cas de toucher, tandis que l’envoi d’images sexuelles n’entrait que dans le champ peu adapté de la loi sur la diffamation. Plusieurs pays comme l’Ecosse en 2010 ont déjà pris des mesures contre le harcèlement sexuel en ligne. Plus récemment, le Texas a introduit une amende de 500 dollars pour l’envoi d’images sexuelles non sollicitées.

Outre des textes juridiques inadaptés, de nombreux pays sont confrontés à la difficulté de retrouver les auteurs de ces messages sur des plateformes largement anonymes. Sami Kiriakos, conseiller du ministère finlandais de la justice, indique : « Il peut être difficile d’enquêter sur ce type de délits, comme pratiquement tout ce qui se passe sur Internet. »

Selon une étude de l’ONG des droits de l’enfant Plan International interrogeant 14 000 jeunes filles et jeunes femmes dans 22 pays sur tous les continents, quelque 35 % d’entre elles ont déclaré avoir reçu des « photos ou des images sexuelles ou explicites ». La moitié d’entre elles ont dit avoir subi du harcèlement sexuel en ligne. « C’est donc très pertinent de regarder comment la loi doit gérer cela… Sous certaines conditions, les enquêteurs ont des mesures coercitives à leur disposition pour des agressions sexuelles, notamment l’accès aux données télécoms », souligne le conseiller.

Le projet de loi prévoit également de modifier la définition légale du viol en Finlande. Celle-ci correspondra à un rapport sexuel non consenti, là où la loi exigeait jusqu’à présent la menace ou la violence.